jeudi 12 mars 2009

Taslima Nasreen, une femme insoumise.


Née un 25 août 1962 dans la ville de Mymensingh au Bangladesh, Taslima Nasreen est une femme de lettres. Élevée dans une famille aisée et cultivée, elle étudie la médecine et se spécialise par la suite dans la gynécologie.

C'est la sortie de son premier roman documentaire,
Lajja (la honte) qui est à l'origine de tout. Il a pour fil rouge les actes de barbarie commis par les extrémistes religieux en inde et au Bangladesh, suite à la destruction d'une mosquée par les Hindous.

La honte dénonce l'oppression dans laquelle vit la communauté Hindoue au Bangladesh ou encore en Inde. De la violence religieuse dans un pays (l'Inde) qui compte plus de 140 millions de musulmans, soit presque 84% de la population pour 13 % d'hindous, sans même que le gouvernement ne se sente concerné.

Bannie par les extrémistes musulmans qui lancèrent une fatwa (mise à mort) à son égard, c'est sous la contrainte qu'elle quitte son pays natal pour la suède en 1994. En juin 1995, elle arrive à Berlin, c'est ensuite une succession de déménagements; New York, Stockholm, puis Kolkata, la capitale de l'état indien du Bengale occidental, où la nationalité indienne lui est refusée.

Il semble important pour l'auteur de dénoncer la la condition des femmes car aujourd'hui la laïcité est de rigueur dans les pays occidentaux, alors que dans les pays au gouvernement musulman où la charria fait office de loi. Des millions de femmes subissent l'enfermement, l'oppression, elles sont brûlées, lapidées par leur proches. Désignées comme les esclaves de l'homme, elles sont considérées comme des objets sexuels, des êtres inférieurs, l'islam étant selon Taslima Nasreen l'outil d'un système patriarcal vieux de plusieurs siècles.

Ayant lu le coran, l'écrivain déclare que c'est bien Allah qui déclare les femmes comme inférieures, prônant la polygamie, le divorce uniquement pour les hommes, leur droit de battre leur femme, le port du voile, ou encore les inégalités en matière d'héritage.

C'est lorsqu'elle a critiqué l'islam au nom du droit des femmes que les fondamentalistes sont devenus fous; sans accepter de débattre ni d'argumenter, simplement en voulant la faire taire par la mort. Lorsqu'en 2007 sa tête est mise à prix, elle fuit à nouveau pour se réfugier définitivement en France. A l'époque, elle sait que désormais la pratique de la médecine lui sera impossible.

Souvent comparée à Salman Rushdie; auteur britannique d'origine indienne, condamné à mort par les intégristes suite à la publication de son livre;
les versets sataniques, Taslima vit comme lui sur la brèche, le qui vive.

C'est le 21 mai 2008 qu'elle rencontre à paris la présidente du mouvement ni putes ni soumises, Sihem Habchi, et reçoit le prix Simone de Beauvoir des mains de Rama Yade. Créé à l'occasion du 100e anniversaire de la naissance de Simone de beauvoir, ce prix récompense les femmes et les hommes qui contribuent à promouvoir la liberté des femmes à travers le monde.

A ce jour, Taslima Nasreen vit toujours en France, avec pour seule arme son stylo, un moyen peut radical, mais qui permet de sensibiliser à la cause de celles qui sont oubliées, cachées. C'est grâce au combat que mènent des femmes comme Taslima que le monde avance, car comme le dis Aragon; "la femme est l'avenir de l'homme", même s'il faut parfois payer du prix de sa vie.


Couverture de
Lajja.


















Sources:

Lajjā : La Honte, roman documentaire. Éditions Stock, collection « Nouveau cabinet cosmopolite », 1994. 286 pages.

L
e site hérétiques, rationalistes et incroyants, Ali HAJJOUJI & Sûryâ KRISHNAN, article "femmes et islam".

Interview de Taslima Nasreen par Raphaele Magoni, pour Amnesty International.



à voir aussi:
La triologie des films de Deepa Mehta - Earth (1996), Fire (1998), Water (2001).


Marie DECLERCQ


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire