dimanche 15 mars 2009

Marie-Claude Pietragalla et Carolyn Carlson: La narration du corps.


" Je cherche le geste unique et pur" Carolyn Carlson.

"Danser, c'est s'interroger, aller au plus profond de soi" Marie-Claude Pietragalla



La danse est l'art de mouvoir le corps humain selon un accord entre l'espace et le temps. C'est une forme de langage corporel ou de communication non verbale. Elle est apparue dès le Moyen-Age puis n'a cessé d'évoluer, de traverser le monde pour se nourir et grandir. La danse est universelle mais elle reste un langage, c'est-à-dire propre à chaque culture et parfois à chaque personne. Elle rassemble mais divise. Se tait mais exprime. Longtemps dominées par les hommes, elle a été le vecteur de l'affirmation féminine et a permi aux femmes de se libérer et de revendiquer ce qu'elles souhaitaient.
Maurice Béjart (chorégraphe et danseur français) disait " La danse est une cage où l'on apprend l'oiseau..."


Mesdames, volez s'il vous plaît..


1,2,3,4,....5,6,7 et 8...

L'une française, Marie-Claude Pietragalla, l'autre américaine, Carolyn Carlson. Leur langue est cépendant commune, la danse. Deux vies, deux femmes et une passion, cela suffit pour se comprendre. On ne parle pas de rivalités, ni d'amitiés, mais d'un respect l'une envers l'autre ainsi que l'envie de travailler ensemble. En 1993, elles se rencontrent et Carolyn Carlson crée pour Marie-Claude Pietragalla"Don't look back", la chorégraphe américaine veut lui faire découvrir la danse contemporaine. Grâce à elles, les moeurs ont changé. Les femmes osent, les femmes veulent, les femmes bougent. Elles ont su diriger des hommes et créer des choses incroyables avec leur carrière de chorégraphe, danseuse et pédagogue. Marie-Claude Pietragalla et Carolyn Carlson ont transformé la vision de l'expression et montré que le mouvement d'un corps en dit souvent beaucoup plus que les mots. Retour sur ces deux artistes époustouflantes à qui la danse fait l'effet d'un bain de jouvence...


  • Marie-Claude Pietragalla: EN PLACE S'IL VOUS PLAIT!!

Nous sommes en 1963, Edith Piaf et Jean Cocteau nous quittent, pendant que le Général de Gaulle est élu Président de la République. La radio nous berce aux rythmes de "Help!" et "Yellow Submarine". La télé, elle, nous balance les premiers feuilletons comme "Janique Aimée" ou "Au nom de la loi", situés entre deux JT régionaux. Et puis, sans oublier Martin Luther King et son "I have a dream" qui marque tous les esprits...Bref évènements politiques, historiques ou culturelles, l'année 1963 est particulièrement mouvementée.


MAIS le 2 février, dans les rues de Paris, une petite fille voit le jour, elle se nomme Marie-Claude. Ses parents lui soumettent la philosophie de Charles Aznavour, car dès 9 ans, Marie-Claude se voit en haut de l'affiche en étant bien décidée à conquérir Paris. Elle enfile ses premiers chaussons et rentre à l'Ecole de Danse de l'Opéra de Paris. Puis en 1979, à l'âge de 16 ans, elle travaille dans le corps de Ballet de L'Opéra . Marie-Claude Pietragalla persevère, travaille, transpire pour être la meilleur et cotoyer les plus grands. Ses efforts sont très vite récompensés car en 1990, elle est nommée étoile. Les chorégraphes de renoms se l'arrachent, mais cette jeune parisienne garde les pieds sur terre. Son humilité, son charisme et cette envie de réussir l'a nomme à la direction du Ballet National de Marseille en 1998. Cependant, la vie d'une danseuse n'est pas à chaque moment sous une bonne étoile, puisque cinq ans après sa nomination à Marseille, elle entre en conflit avec les danseurs de la compagnie qui obtiennent sa démission.


Marie-Claude Pietragalla a été quand même de toutes les distributions depuis qu'elle est reconnu comme danseuse. En 1992, elle partage "le lac des cygnes" à l'Opéra Bastille avec Patrick Dupond, puis obtient les grands rôles tels que "Gisèle", "Roméo et Juliette" etc...


Le réel travail de Marie-Claude Pietragalla commence en 1996 lorsqu'elle démarre sereinement sa carrière de chorégraphe. Elle crée "Corsica" en 1996, "Vita" en 1999 et "Sakountala" en 2000. A partir de 2002, son travail s'étend au monde de la musique: elle travaille pour le spectacle de Christophe à l'Olympia et crée un spectacle autour Léo Ferré.



Marie-Claude Pietragalla estime qu'il est temps de crée son propre univers, à l'écart des courants dominants. Encouragés par le petit monde de la danse ( Allez Marie-Claude!! Just do it!!), elle crée sa propre compagnie en 2004. Elle travaille avec le danseur Julien Derouault et beaucoup de danseurs asiatiques. En 2006, elle présente "Conditions Humaines" sur le monde ouvrier et la catastrophe de Courrières. Elle confirme son talent et l'importance de l'émotion et du sensible dans son travail. Dans cette création, elle mèle danses urbaines, danse contemporaines et affirme croire à la "mixité des écritures chorégraphiques". La danse est désormais véritablement devenue l'oxygène de la chorégraphe et chaque respiration l'amène à créer encore et encore... En 2007, elle va encore plus loin et nous offre un spectacle nommée "Sade ou le théâtre des fous", les mouvements sont de plus en plus précis, l'expression de chaque geste reussit à exprimer le discours de Marie-Claude Pietragalla. Le "gratin" parisien n'en revient pas et s'incline devant cette grande dame de l'univers de la danse. Tout le monde en redemande et en Janvier 2009, elle crée un spectacle intitulé "Marco Polo". Ce dernier est présenté du 6 au 15 mars 2009 au Palais des Congrès de Paris.


"Notre travail questionne le corps, les incidences de la vie façonnant et fragilisant l’individu. La création révèle toutes ces traces et ces blessures qui s’inscrivent dans la chair et orientent l’écriture chorégraphique.Se confrontant aujourd’hui à une réalité du « concept » où le corps est vécu comme objet, l’humain demeure le référant de notre travail. Nos rapports à l’intimité et à la mémoire collective enrichissent notre recherche sur l’essence du mouvement. Notre corps a alors développé et acquis un langage caché qui lui est propre et que la danse se propose de transmettre. Il est vecteur de l’inconscient, du rêve et de l’imaginaire. Le mouvement devient sa narration, la mise en espace de ce dialogue inhibé. à notre nature profonde.La chorégraphie devient le support où se libère l’inconscient et re-créé ce lien primitif. La danse n’est pas qu’un objet intellectuel et d’analyse, elle est aussi l’art du sensible. Les sociétés primitives expérimentaient la danse comme un dialogue avec le sacré.Première des arts, elle est actuellement l’expression d’une communion perdue.Plus on explore l’art du mouvement…Plus on a envie de retrouver l'essentiel du geste… Plus on tend vers une forme d’épure….La danse touche à nos origines : le mouvement, première expression de l'homme, avant le langage, est ce dialogue qui nous confronte à nos propres pulsions primitives."


Marie-Claude Pietragalla.



  • Carolyn Carlson: La grande prétresse.

Pour Carolyn Carlson, nous sommes en 1943, cette fois nous avons la naissance de Serge Lama, Mick Jagger, Catherine Deneuve, Bernard Tapie, oui... enfin ... c'est uniquement pour vous situer... Niveau politique, contexte de seconde guerre mondiale, les mots "collaboration" et "résistance" raisonnent... L'armée allemande capitule à Stalingrad. Et le point culture est à Marius Grout qui reçoit le prix Goncourt.


Carolyn Carlson est néé le 6 mars 1943 à Oakland, en Californie. De parent finlandais, elle est le modèle, la créatrice de la danse contemporaine. C'est grâce à Madame Carlson que la danse à évoluer et que les femmes ont osé et ont pu a leur tour créer quelque chose... C'est la grande figure de la nouvelle danse française. Carolyn Carlson ne voulait vivre que de la danse, elle fait des études de danse classique à l'université de L'Utah en 1965. C'est également passé très vite pour elle. Tout de suite après ces études ,elle rentre au San Francisco Ballet. Jusqu'en 1971, elle danse au Alwin Nikolais Dance Théâtre. Carolyn Carlson montre qu'il n'y a pas de frontière dans l'univers de la danse, en 1974, elle collabore avec le Ballet de L'Opéra de Paris en tant que chorégraphe-étoile. Après avoir reçu, le prix du meilleur danseur au Festival International de Danse de Paris, elle est emblême de la danse classique et créee une importante émergence de la "nouvelle danse française".De nombreux danseurs s'identifient à cette américaine. Nous sommes en 1970, une FEMME venu d'Amérique est devenue modèle pour la population française. Carolyn Carlson, c'est la rigueur, le sens de l'effort, le travail, le courage, l'assiduité et la grace. D'ailleurs, le stéréotype de la professeur de danse classique vient de Madame Carlson, un académique noir, un chignon, des bottines, un foulard et le baton que l'on claque sur chaque temps...


Après Paris, elle conquérit, la Finlande où elle créee plusieurs ballets. Puis c'est au tour de la Suède de recevoir les leçons de Madame Carlson. Elle dirige de 1992 à 1994 le Ballet Cullberg de Stockholm. La compagnie Carlson se crée ensuite petit à petit, elle s'installe à l'Atelier de Paris où plusieurs Master-Classes avec des professionnelles vont être organisés. Résidente également au théâtre de la Fenice à Venise où très vite elle est nommée directrice artistique en 2000. Nous assistons ensuite à un ensemble de créations de Carolyn Carlson, notamment "Signes" qu'elle créee pour Marie-Claude Pietragalla. Notre américaine a été demandé dans beaucoup de centre chorégraphique mais c'est le Nord-Pas-de-Calais que la chorégraphe a choisi, depuis 2004, elle directrice artistique du Centre Chorégraphique national Roubaix Nord-Pas-de-Calais. Carolyn Carlson a plus de 70 chorégraphies à son actifs ainsi que 5 récompenses et distinctions dont une victoire de la musique en 1998 et un lion do'r de la Biennale de danse contemporaine de Venise en Juin 2006. Ces efforts ont donc été pleinement récompensé.


  • Carolyn Carlson et la musique: improvisation-spectacle. Pour que la danse laisse des traces...

Le travail de Carolyn Carlson est en mouvement perpétuel. Elle porte un interêt perpétuel pour l'improvisation en solo. Cette technique l'amène à travailler avec beaucoup de musicien et de composer également. Madame Carlson a collaboré avec des musiciens de jazz tels que John Surman ou son compagnon: le célèbre musicien René Aubry. La chorégraphe veut mélanger les genres musicaux et dans la plupart de ses créations, on retrouve du jazz, du classique et du contemporain.


En plus de son travail remarquable, Carolyn Carlson est reconnue pour sa générosité et son combat pour donner la chance aux "jeunes" artistes. Elle créee le concept des POD ( petites oeuvres dansées) où son but premier est de permettre aux futurs chorégraphes de rencontrer des danseurs confirmés. Carolyn Carlson n'oublie pas d'où elle vient, c'est pourquoi , aider les jeunes artistes lui tient particulièrement à coeur. Elle ferme les yeux et se rappelle de ses rencontres à New-York et en France. Cette femme de plus de 65 ans, nous montre depuis plus de 30 ans qu'il ne faut jamais abandonner et croire en ses rêves. Carolyn Carlson, elle, a fait rêver beaucoup de monde.


Thanks a lot Mrs Carlson!

N'oubliez pas : " La danse, un minimum d'explication, un minimum d'anecdotes, et un maximum de sensations"


Hélène Mannarino




Sources:

- CCN Roubaix, secretariat, 33, rue de l Epeule 59100 Roubaix
- Pietragalla, texte de Bernard Raffali
- L'histoire de la danse, La culture Générale pour les Nuls.

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