lundi 9 mars 2009

Louise Bourgeois, une femme dans l'Art

Appréciée pour sa volupté et son esthétisme, la femme, dans l'art, est pratiquement toujours représentée en tant qu'objet. Statistiquement, il est avéré que moins de 5% des artistes des salles consacrées à l'art sont des femmes, alors que 85% sont des nus féminins. Cependant, certaines femmes ont réussi à faire connaître leur art. Louise Bourgeois est de celle ci.

Née à Paris en 1911, elle quitte la France pour vivre à New-York en 1938, Louise Bourgeois est devenue une référence majeure de l'art moderne et contemporain.
Son œuvre échappe à toutes les classifications et constitue un cas particulier de l'histoire de l'art. Elle traverse tout les mouvements de la deuxième partie du XXème sicècle. La richesse et la diversité de son oeuvre résulte de sa position singulière, toujours décalée: entre deux mondes, entre deux langues, entre ordre et chaos, organique et géométrique..

La reconnaissance artistique de Louise Bourgeois fut tardive. Elle ne commence véritablement sa carrière artistique qu'en 1940, alors qu'elle réside à New-York. Ses premières oeuvres sont des dessins, des peintures et des gravures dont les thèmes sont principalement centrés autour de la naissance, de la maternité ou encore de l'autoportrait. Cette période constitue le caractère de l'oeuvre à venir.

Dans les années 1950, Louise Bourgeois est frappée par "le mal du pays". Elle s'attèle donc à la sculpture, comme étant une sorte d'exorcisme. A travers elle, elle transpose sa douleur et son impuissance sur un objet matériel. C'est ainsi qu'est créée sa série de Personnages. Très vite, Louise choisit d'abandonner le bois, qu'elle considère comme étant "trop rigide", pour s'atteler à des matériaux plus souples, comme le latex. Elle utilise ces matériaux afin de représenter le nid, la tannière, autrement dit, le refuge. Ces oeuvres, datant des années 1960, constituent les plus violentes, les plus repoussantes et les plus dérangeantes que Louise Bourgeois ait jamais réalisée. Les années soixante marque la maturité de l'artiste. Elle utilise toutes les parties du corps dans ses oeuvres, si bien qu'il s'en dégage un certain érostisme. Louise s'engage, à cette époque de sa vie, de manière politique et sociale. Elle participe à de nombreuses manifesations et activités du mouvement féministe, bien qu'elle ne considère pas en faire vraiment partie.

En 1973, alors que Louise Bourgeois perd brusquement son mari, Robert Goldwater, qu'elle avait épousé en 1938, son oeuvre prend un réel tournant. Ainsi, dans The Destruction Of The Father (1974), on trouve une liquidation de la figure paternelle, que l'on peut analyser comme une volonté de lutter contre les démons du passé.

The Destruction Of the Father, 1974

La dernière période de sa crétion se caractérise par l'utilisation du tissu, souple, léger, plus facile à travailler. On retrouve sans ses oeuvres sa fascination pour le sexe, et pour le cycle de la vie et de la mort, le tout traité cependant avec ironie. Le thème de la famille, qui a toujours beaucoup préoccupé Louise Bourgeois, revient de façon répétitive, à travers les relations mère-enfant, père-enfant, l'accouchement, ou encore les problème de promiscuités (Seven in a Bed, 2001). De son oeuvre, on peut retenir que l'artiste reste, au plus profond d'elle-même, une enfant traumastisée par certains thèmes de son enfance. Ainsi, Louise déclare: "Il faut abandonner son passé tout les jours, ou bien l'accepter, et si on y arrive pas, on devient sculpteur."


Seven in a Bed, 2001


Louise Bourgeois ne s'est rien interdit. Elle a sillonné les mouvements artistiques, sans pour autant s'ancrer à aucun d'entre eux. Elle puise sa force dans son histoire, son enfance et ses vieux démons. Elle devient une légende du XXème siècle, une artiste multiple et toujours renaissante.

Capucine CRONE

Source: Louise Bourgeois, Connaissances des arts, Hors série n°354

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