dimanche 15 mars 2009

Soeur Emmanuelle : "la petite soeur des chiffonniers"

Les chiffonniers du Caire l'appelait Ableti, "grande soeur".
Son prénom ? Madeleine, mais tout le monde connait mieux celui qu'elle s'est choisi à 22 ans : Emmanuelle.

"Généreuse par humanité et rebelle par necessité", Soeur Emmanuelle est l'icône emblématique de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Cette femme, tassée par l'âge mais le regard toujours malicieux derrière ses grosses lunettes, s'est positionnée en faveur du "mariage des prêtres" et de "la pilule contraceptive" et a réussi le pari fou de sensibiliser toute une société au sort des pauvres.

Religieuse au tempérament incroyable, avec son franc-parler et sa célèbre habitude de tutoyer sans distinction hommes politiques et journalistes, Soeur Emmanuelle a su faire de son engagement humanitaire une préoccupation pour tous. Cela lui a valu d'être l'une des personnalités préférées des français. Les qualificatifs ne manquent pas : énergique, brillante, drôle, ironique, charmeuse, mais surtout sincère.

C'est à Bruxelles, le 16 novembre 1908, que Soeur Emmanuelle, de son vrai nom Madeleine Cinquin, voit le jour. Née d'une mère belge et d'un père français, elle possède la double nationalité. Elle mène une enfance des plus paisibles entre Paris, Londres et Bruxelles. Sa vie se trouve néanmoins bouleversée par la mort de son père, qu'elle voit se noyer sous ses yeux alors qu'elle n'a que 6 ans. C'est un véritable traumatisme, tel, que son regard sur la vie et la religion sera littéralement changé.

Le 10 Mai 1931, elle décide d'entrer au couvent dans le but de s'occuper de l'enfance malheureuse et prononce ses voeux à Notre-Dame de Sion. Elle devient Soeur Emmanuelle.
Elle sera professeur de lettres et de Philosophie en Egypte, Turquie et Tunisie.
En 1971, à l'âge de la retraite, elle pose ses valises dans le bidonville d'Ezbet el-Nakhl, parmi les chiffonniers du Caire et décide de se consacrer entièrement aux pauvres. Elle oeuvre sans répit, un seul sentiment au coeur : la joie de venir en aide au plus pauvre des pauvres. Déterminée, elle va consacrer son énergie à faire construire des écoles, des maisons et des dispensaires, bientôt soutenue par des dons du monde entier.

Rien n'arrête Soeur Emmanuelle...

Si bien qu'elle fonde à 74 ans, une association baptisée Association Soeur Emmanuelle (ASMAE) pour renforcer son action envers les chiffonniers du Caire et l'élargir à d'autres populations démunies dans le monde entier. Très vite des jeunes d'Europe commencent à venir proposer leur renfort et, en 1985, les premiers chantiers de bénévoles voient le jour.
En 2000, l'ASMAE s'engagera également en France afin de lutter contre l'indifférence sur le problème des banlieues et la précarité des jeunes mères célibataires.
L'ASMAE continue l'oeuvre de Soeur Emmanuelle disparue le 20 octobre 2008 à l'âge de 99 ans. L'association aide aujourd'hui plus de 60.000 enfants du monde entier.
Sa devise restera éternelle : "VIVRE, C'EST AGIR. YALLAH !"
Fanny Duvot

  • sources : Confessions d'une religieuse, Soeur Emmanuelle.

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